Les nuits sont parfois longues ; cauchemars ou insomnie – là où le repos est inaccessible. Ces heures de veille nous renvoient une aube lointaine et chimérique. Ce XXIe siècle va être celui des basculements. L’affirmer peut nous conférer cet air de millénariste, certain de vivre sous peu un brusque bouleversement. Mais nous parlons d’un autre basculement, bien loin de la croyance d’un troisième avènement du Christ ; le vivant se meurt et l’inertie de notre vision extractiviste tord tous les plans de notre existence. Des changements majeurs se déroulent sous nos yeux et vont continuer durant de nombreuses décennies. Des changements qui pourraient s’apparenter à la Renaissance, cette période où notre place dans le monde et notre rapport à la matière a été revue de fond en comble. Cette Renaissance nous a pris trois siècles ; contre quelques décennies à l’heure actuelle.

Et l’individu dans tout cela ? Comment continuer à croire dans un monde où le vivant étouffe en une longue et silencieuse agonie ? Aucune idée. Pourtant nous le faisons. Nous croyons. Un peu. Beaucoup. Ça dépend. En tout cas, nous continuons. Dormir, s’éveiller, manger, entreprendre, regarder et tout le reste. Étrange nous dirons nous ; sauf si l’on cesse d’occulter notre nature animale. Malgré toute notre métaphysique, la vie pousse à la propagation.

(Antón de Macedo)